La locomotion réflexe (LR) est le processus thérapeutique fondamental de la thérapie Vojta.
Le terme locomotion "réflexe" implique que le schème moteur complet n'apparaît pas spontanément mais seulement à partir de stimulations périphériques, appliquées en différents points du corps. Cependant le schème provoqué concerne le corps entier, membres compris.
V. Vojta a décrit plusieurs schèmes globaux automatiques, déclenchables chez un nouveau-né sain, dont les composants cinésiologiques caractéristiques ont été précisément définis. Dans les différentes publications le schème provoqué en position ventrale a été appelé "ramper réflexe" ; le schème obtenu à partir de la position dorsale a été appelé "retournement réflexe".
Ces activités neuromotrices complexes ont été étudiées minutieusement pendant de longues années pour en définir les composants cinésiologiques.
Parallèlement, l'observation régulière d'enfants IMC, âgés de 2-3 ans jusqu'à une quinzaine d'années a permis de constater que certaines postures spontanées observables chez le sujet IMC âgé sont déjà apparentes chez le nourrisson à risque ou pathologique, et même chez le nouveau-né pathologique. Cela signifie que les automatismes posturaux générés par le système nerveux central (SNC) d'un enfant IMC ont quelque chose de commun avec ceux d'un nouveau-né ou d'un enfant beaucoup plus jeune.
Les jeux musculaires complexes qui apparaisssent progressivement pendant la locomotion réflexe (thérapie) chez les enfants IMC, peuvent être obtenus instantanément chez des nouveau-nés valides. On peut en déduire que l'action musculaire provoquée chez ce nouveau- né valide, et celle qui est artificiellement provoquée par voie réflexe chez un enfant IMC, correspondent à un processus neurogénique commun (schème fonctionnel). Ce constat met en évidence le caractère thérapeutique de la locomotion réflexe. Ce caractére therapeutique devient encore plus évident si l'on considère que l'enfant IMC continue d'exploiter des schèmes moteurs, provenant de sa période néonatale, et dont la transformation progressive ne peut se faire normalement au fil du développement, en raison de la lésion du SNC. Lorsque se concrétise, au fil du développement, une infirmité motrice cérébrale, tout se passe comme si le développement des automatismes neuromoteurs (ontogénèse motrice) était bloqué à un niveau quasi-néonatal.
Pendant la réalisation de la locomotion réflexe, l'enfant pathologique utilise des activités musculaires que son SNC ne pouvait jusqu'à présent pas produire et contrôler. Son Système nerveux est "criblé" d'innombrables informations relatives à la posture, au redressement du corps contre la pesanteur, à la stabilisation active des segments corporels dans l'espace, et au mouvement. Par exemple, l'enfant crée activement des points d'appui périphériques, la musculature peut alors exercer sa traction vers ces points d'appui et commencer à assurer le transfert du centre de gravité corporel dans l'espace. Ces opérations se déroulant de façon cyclique et réciproque, on peut dire que tous les composants d'une véritable locomotion sont ici présents.
Toutes les séquences locales d'action motrice composant les schèmes globaux de locomotion réflexe sont innées, et déclenchables dès la naissance, mais elles apparaissent aussi, combinées de diverses manières, aux multiples étapes du développement moteur normal. On peut dire que l'enfant valide, pendant son développement moteur, n'invente rien, il reprend plutôt les mêmes matériaux et les associe différemment pour répondre à des besoins nouveaux. Les activités que l'on observe semblent nouvelles, mais sont en réalité construites à partir des composants puisés dans les étapes précédentes. De combinaison en combinaison, de synthèse en synthèse, les automatismes évoluent, gagnent en efficacité et en précision, deviennent plus fiables et plus économiques.
Au cours du développement normal, l'innovation est plus dans l'art d'associer les composants disponibles (automatismes) que dans une véritable création. Le développement est une remise en cause permanente, une recomposition constante, à la manière d'un artiste peintre qui obtient une infinité de nuances et de motifs à partir d'un nombre limité et fixe de couleurs fondamentales disponibles sur sa palette. La finalité essentielle qui soustend cette évolution automatique est le besoin permanent de l'enfant d'optimiser sa relation avec son environnement.
En situation pathologique, cette appétence naturelle de l'enfant ne suffit pas pour dynamiser l'évolution des automatismes. La locomotion réflexe vient jouer ce rôle; c'est un moyen thérapeutique de solliciter les automatismes posturaux innés, de les combiner, d'activer les mécanismes de contrôle du SNC, pour obtenir une régulation de plus en plus performante de la production sensori-motrice.
Les deux principaux schèmes de locomotion réflexe décrits par V Vojta, celui de la position ventrale (ramper réflexe), et celui de la position dorsale (retournement réflexe), sont globaux. Ils peuvent être provoqués en stimulant des points précis appelés "zones".
Généralement l'intensité des activités musculaires est accrue par la répétition de la stimulation ou en combinant les zones. Ainsi la réponse devient plus rapide et plus intense. La réaction globale est identique, indépendamment du côté stimulé.
L'application d'une résistance au mouvement provoqué, augmente sa durée et relance encore l'activité musculaire qui était isotonique et devient isométrique (contraction durable, sans changement de longueur des muscles). Simultanément, la stimulation d'une ou plusieurs zones est maintenue.
La conjonction de ces stimuli sur les zones et des afférences proprioceptives d'origine musculaire créées par l'application de résistances génère un flux nerveux centripète massif et permanent. Ce mécanisme neurologique de sommation spatiale et temporelle induit la propagation de la réponse motrice à travers tout le corps. L'une des principales sources d'information exploitée est la proprioception des muscles paravertébraux qui est le point de départ des plus importantes voies afférentes du corps humain.
Le thérapeute peut alors guider l'irradiation de ces jeux musculaires, en modulant les stimulations et en variant les résistances appliquées. il s'agit littéralement d'un "pilotage" à distance des jeux musculaires provoqués artificiellement.
Cette technique très particulière s'appelle le "Frayage" (D: die Bahnung). Elle est extrèmement utile dans de nombreuses situations pathologiques du jeune enfant car elle peut être utilisée pour: activer une musculature faible obtenir la correction active de postures ou de mouvements anormaux procurer un vécu corporel nouveau d'une posture, de mouvements, et favoriser l'intégration d'un schème postural nouveau, c'est à dire améliorer la réactivité posturale automatique aider le développement psychomoteur en améliorant la coordination des mouvements, la symétrisation, le redressement, l'équilibre... instaurer ou améliorer la régulation automatique des tensions et synergies musculaires selon un mode physiologique prévenir l'installation de déformations par déséquilibre des actions musculaires corriger des malformations existantes améliorer la respiration améliorer la circulation sanguine améliorer la déglutition, la phonation activer un grand nombre de fonctions du SNC etc...
Le champ d'application de ce principe thérapeutique est donc très étendu, il peut natutrellement être aussi envisagé dans le traitement de diverses affections de l'adulte en adaptant, si nécessaire, les modalités pratiques.
Indications thérapeutiques:
Troubles de coordination centrale moyens et sévères Troubles de coordination centrale légers, asymétriques Infirmité motrice d'origine cérébrale (IMOC) Torticolis musculaire et neurogène Paralysies périphériques (enfant et adulte), plexus brachial Myéloméningocèle Myopathies congénitales - Malformations congénitales (athrogrypose, pied bot etc...) Syndrome de Morbus Down et autres syndromes - Retards moteurs Troubles divers de la posture et du redressement, scolioses, cyphoses Dysplasies de hanche Hémiplégie de l’adulte (liste non exhaustive)...